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Découvrez un récit fantastique. Lady Thalen Ambrose, résolue dans sa mission de sauver son père, accusé de trahison.

Chapitre 2 : L’intrus

Créé : 24 Oct 2024, à 18:00 Mots : 3170

 

Les Basses-Terres, le palais du gouverneur à Peare,

 

Keagan ouvrit les larges fenêtres, laissant pénétrer la brise du soir, accompagnée du parfum des fleurs nocturnes. Le ciel se transformait en une symphonie de couleurs, principalement rouge et jaune, tandis que le soleil disparaissait lentement derrière les montagnes. Tout semblait si calme et paisible, mais Keagan savait mieux que quiconque que les apparences pouvaient être trompeuses. Ces terres pouvaient être dangereuses, et cette montagne sereine pouvait cacher un volcan, prêt à cracher cendres, feu et mort.


 

Keagan scruta le sceau de son père, maintenant posé sur son doigt. Il n’arrivait toujours pas à croire que John le noir était mort. Pendant longtemps, il avait imaginé que cette ordure était immortelle. Keagan soupira, songeur, face à la tâche immense qui l’attendait. Il devait d’abord retrouver son oncle, le traître qui pensait pouvoir usurper la couronne. Keagan était l’héritier, et personne ne prendrait son trône. Le lâche avait probablement fui vers leurs ennemis, espérant obtenir de l’or et des hommes en échange de terres, lorsqu’il se serait couronné roi.


 

« Il faudra me passer sur le corps pour cela », déclara Keagan à voix haute. Il comptait sur son frère pour trouver ce rat. Son cadet, Brogan, était un excellent soldat, et leur oncle ne comptait plus beaucoup d’hommes. Nombre d’entre eux avaient déserté pour rejoindre les forces du roi. Keagan aurait aimé accompagner Brog, mais un roi avait des devoirs : des audiences, des problèmes sans fin à résoudre.


 

Le problème le plus complexe concernait la situation dans les Basses-Terres. Keagan avait fait exécuter des nobles, des marchands et des soldats, tous impliqués dans la conspiration de son oncle. Malheureusement, tous les traîtres n’avaient pas été capturés. Le monarque se jura que la trahison de son oncle serait la seule et dernière de son règne. Et après cela ? Il lui fallait une solution durable pour gouverner les Basses-Terres, un homme fort et loyal. Le point crucial était évident : le peuple devait respecter son nouveau gouverneur. Keagan savait qu’il était inutile de placer l’un de ses amis proches, aussi compétents soient-ils, dans ce poste. Aucun d’eux ne pourrait s’en charger, car ils étaient trop liés à lui et trop proches du cœur du pouvoir.


 

Depuis Alagar, les habitants des Basses-Terres nourrissaient une haine profonde envers la famille royale et ses alliés. Ils refusaient de se battre pour une famille qui les appauvrissait avec de lourdes taxes et les massacrait lorsqu’ils se révoltaient. Keagan comprenait combien les hommes des Basses-Terres étaient essentiels à la défense des frontières sud. Il devait regagner la confiance que son père avait bêtement perdue. Mais il ne trouvait pas de solution satisfaisante. Même ses conseillers étaient inutiles sur cette question. Plus il y pensait, plus il réalisait qu’il était dans une impasse.


 

Keagan se frotta le front, sentant le mal de tête habituel monter dès qu’il réfléchissait aux Basses-Terres. Si seulement son père avait fait montre d’un peu de clémence… Ses pensées furent interrompues par quelques coups frappés à la porte de la bibliothèque. Il s’était réfugié dans cette pièce calme pour lire les derniers rapports sur la gouvernance de son oncle dans les Basses-Terres. Sans surprise, le rapport était calamiteux.


 

Keagan se massa la nuque. « Entre, Talbot ».


 

L’homme entra, ajustant ses lunettes. « Comment as-tu su que c’était moi ? » demanda-t-il, peinant à maintenir plusieurs dossiers dans ses bras. Il en laissa tomber quelques-uns, des feuilles s’éparpillèrent, il se pencha pour les ramasser, et il en fit tomber d’autres.


 

Keagan secoua la tête, observant son chancelier, gardien des sceaux, à quatre pattes en train de ramasser ses documents. « Simple. Même ta façon de frapper est ennuyeuse, Talbot », remarqua le roi.


 

Talbot posa les papiers sur la table voisine. « Tu ne me trouveras pas si ennuyeux quand je t’annoncerai la bonne nouvelle », dit-il.


 

« Tu vas partager le lit de quelqu’un ? » plaisanta Keagan.


 

Talbot sortit un mouchoir immaculé de la poche de sa veste et essuya ses lunettes, ignorant la remarque du roi. « Nous venons de recevoir un message du prince Brogan. Il n’a pas encore attrapé ton oncle. » Il souffla sur les verres de ses lunettes et les essuya de nouveau. « Mais, dans sa hâte à fuir nos hommes, ton oncle a laissé derrière lui une grande partie de son or. Le prince fait escorter le trésor vers la capitale. »


 

C’était en effet une excellente nouvelle. Sans fonds, il serait beaucoup plus difficile pour Niall de voyager et de payer ses hommes, qui ne manqueraient pas de se retourner contre lui. Son oncle se dirigeait probablement vers Goria, leur plus vieil ennemi. Depuis que Keagan était enfant, les deux royaumes se disputaient des terres. Par conséquent, le problème des Basses-Terres devait être réglé rapidement. Par le passé, Goria avait souvent exploité la haine des habitants des Basses-Terres pour inciter à la rébellion et agrandir son territoire vers le nord. Cela devait cesser, mais comment ? Punir les traîtres n’aiderait pas à améliorer la popularité de la couronne. Son mal de tête empirant, Keagan grogna.


 

« Je savais que tu ne serais pas fou de joie, mais tu pourrais au moins afficher une certaine satisfaction. »


 

« Je suis satisfait, Talbot. Je serai fou de joie quand on aura attrapé ce salopard. »


 

On frappa de nouveau à la porte. Keagan ordonna à la personne d’entrer. Apparemment, son moment de calme et de solitude était terminé. Alvize, l’un de ses conseillers de confiance, entra dans la pièce.


 

« La reine douairière a encore écrit, Votre Majesté. Elle se demande combien de temps vous allez rester dans les Basses-Terres. Elle est inquiète, et ma sœur l’est aussi », dit le conseiller.


 

« Keagan », le corrigea le roi. Il n’était pas comme son père, qui avait voulu que tout le monde même sa femme et ses enfants fassent usage de son titre. Le nouveau roi préférait que ses amis proches et ses frères d’armes l’appellent par son prénom, du moins en privé. Il ne voulait pas qu’un titre supplémentaire créât une barrière entre lui et son entourage immédiat. Le pouvoir isolait déjà suffisamment un souverain. Keagan avait maintes fois demandé à Alvize de l’appeler par son prénom en privé et de ne point le vouvoyer, mais Alvize persistait à utiliser « Votre Majesté ».


 

Alvize avait été comme un père pour lui lorsque le sien était trop occupé à courir les femmes et à boire pour lui accorder, à lui ou à Brog, la moindre attention. C’était Alvize qui lui avait appris à se battre, à monter à cheval, et même l’art de la séduction. Dans ce domaine, l’élève avait dépassé le maître. Alvize avait été l’un des soldats les plus dignes de confiance de son père, mais il avait quitté le service de John le noir comme on le surnommait après le massacre d’Alagar, écœuré par la cruauté du roi et par ce qu’il avait vu là-bas. Quand Keagan atteignit l’âge adulte et avait dû choisir ses compagnons et conseillers, il avait demandé à Alvize de le rejoindre.


 

La famille d’Alvize avait été une seconde famille pour lui et Brog. Sa sœur, Bianca, avait été l’une de leurs gouvernantes. Sa nièce, Nichola, avait grandi avec eux. C’était auprès d’eux que les deux frères échappaient au poids d’être les fils de John, le cruel.


 

« Que pense-t-elle qu’il pourrait arriver ? » demanda Keagan. Sa mère s’inquiétait toujours trop et était bien trop protectrice. Comme si, chef victorieux de nombreuses batailles, Keagan n’était pas capable de se défendre.


 

« Je comprends ses préoccupations. Ce territoire nourrit beaucoup de ressentiment envers la couronne », expliqua Alvize.


 

« Il est temps de tourner la page. Cela fait vingt ans. »


 

« Vingt et un », corrigea Talbot.


 

« Pour beaucoup, la haine se transmet comme un héritage de génération en génération », ajouta Alvize. « Keagan, les Basses-Terres n’ont pas oublié Alagar, et elles ne l’oublieront jamais. »


 

Le roi ne l’avait pas oublié non plus. Il n’avait que huit ans, et son père avait insisté pour qu’il fût présent malgré l’opposition catégorique de sa mère. Le défunt roi avait jugé son héritier assez grand pour assister à la punition des sujets désobéissants. Grâce à l’intervention d’Alvize, Keagan n’avait pas eu à participer au massacre. Il était entré dans le village après coup. Il voyait encore les corps jonchant le sol, se souvenait de l’odeur, entendait encore les cris d’agonie. Il avait fait des cauchemars pendant des années après Alagar. Encore maintenant, ils le hantaient parfois.


 

Sentant que Keagan repensait à ce jour funeste, Alvize décida de changer de sujet. « As-tu eu le temps de réfléchir à la demande du Seigneur Ambrose ? » demanda-t-il.


 

« Oui », répondit Keagan, reconnaissant pour le changement de sujet. « Il peut mourir avec dignité ; cela m’est égal, tant qu’il meurt. »


 

« Keagan, à ce sujet, je — »


 

Il fut interrompu par un héraut annonçant que le dîner était servi.


 

« Laissons cela pour le moment. J’ai faim », dit Keagan.

 

***


 

Keagan dînait avec son cercle intime, ses amis de longue date. La conversation était toujours agréable, pleine de taquineries, de récits réels ou imaginés, d’exploits guerriers et, bien sûr, d’histoires, de conquêtes et de nuits de plaisir. Il faisait confiance à tous les hommes et femmes qui l’entouraient et aurait combattu pour chacun d’eux. La nourriture était délicieuse et le vin excellent. Pour la première fois de la journée, Keagan se détendit un peu.


 

Le roi jeta un coup d’œil autour de lui, admirant le faste des lieux. Son oncle avait des goûts de luxe. Le palais du gouverneur était splendide, construit en marbre, or et pierres précieuses. Keagan se souvint de l’impression que lui avaient faite les bains des quartiers du gouverneur, incrustés de lapis-lazuli. Tout cela avait été créé avec l’argent extorqué à la population des Basses-Terres. Ce palais reflétait les désirs de grandeur de son oncle.


 

Les yeux de Keagan s’attardèrent sur l’une des servantes, une blonde aux grands yeux bruns et à la poitrine généreuse. Il lui offrit un sourire plein de promesses. Elle faillit faire tomber l’assiette qu’elle portait. La servante rougit, les yeux brillants, ignorant le regard désapprobateur du Maître de service. Keagan jeta un coup d’œil à Oliver, qui hocha discrètement la tête, comprenant le message. Oliver était chargé du confort du roi, en particulier lors de ses déplacements. Il s’assurerait que la servante soit envoyée à Lila, la seconde en charge. Après une inspection minutieuse et un bain sous sa supervision, la jeune femme serait envoyée dans la chambre du souverain.


 

Keagan l’aurait pour la nuit. Une nuit de plaisir était tout ce dont il avait besoin pour apaiser la tension causée par la situation dans les Basses-Terres.


 

Après le dîner, le roi et sa cour se retrouvèrent dans un petit salon. Des musiciens jouaient pendant que ses amis s’installèrent dans des fauteuils confortables, savourant plus de vin et des massages prodigués par les serviteurs. Deux femmes massaient le cuir chevelu de Keagan, et il soupira de contentement.


 

« Voilà à quoi la vie devrait ressembler », dit Dorian, le capitaine de la garde, en regardant la femme qui lui massait les pieds.


 

« Ne t’y habitue pas trop », rétorqua Talbot. « Il y a beaucoup de travail à faire dans les mois à venir. »


 

Dorian rejeta la tête en arrière, et une autre femme lui déposa quelques raisins dans la bouche. « On peut toujours compter sur Tal pour gâcher l’ambiance. »


 

« Je ne gâche rien. Je ne veux juste pas que tu ramollisses », expliqua Talbot.


 

Dorian se redressa. « Qui traites-tu de mollasson ? »


 

« Combien de temps allons-nous rester ici ? » demanda Nichola au roi.


 

« Ta maman te manque, Nicky ? » taquina Dorian.


 

« Non, c’est la tienne qui me manque, en fait », répliqua Nichola, en faisant un geste obscène.


 

« Va te faire voir, Nicky », répondit Dorian.


 

« Allons », intervint Benedict. « Laissons nos mères en dehors de nos conversations. » L’homme, responsable de la diplomatie entre autres choses, était toujours la voix de la raison, essayant de ramener ses camarades à la raison, une cause perdue, pensait Keagan.


 

« Arrête de jouer au prêtre, Ben », lança Dorian.


 

« Oui, tu as raté ta vocation », ajouta Nichola.


 

Benedict secoua la tête en regardant tous deux, puis se tourna vers le roi. « Nous ne pouvons pas nous permettre de rester ici trop longtemps. Ton absence de la capitale va laisser le temps à tes ennemis de comploter contre toi. »


 

« Il a raison », approuva Alvize.


 

Keagan soupira. « Je sais, mais je veux nommer un gouverneur pour les Basses-Terres avant de partir. »


 

« Je peux t’aider pour ça », dit Dorian. « Si tu as besoin d’un homme de haute envergure — ».


 

« Il n’est malheureusement pas dans cette pièce », plaisanta Oliver, provoquant les rires des autres.


 

« Tu t’ennuierais comme gouverneur », dit Keagan à son ami.


 

« Tu as raison. J’aime risquer ma vie », répondit Dorian.


 

« Et la nôtre », murmura Benedict.


 

« Bon sang, Ben, ça n’est arrivé qu’une seule fois », proclama Dorian.


 

« Et la fois où tu m’as laissé au milieu de nulle part, entouré de Gorians assoiffés de sang ? » intervint Tyrell, chargé des voyages du roi et de ses éclaireurs. Il s’était retrouvé dans quelques situations problématiques grâce à Dorian.


 

« Peut-être deux fois. Mais combien de fois ai-je sauvé vos fesses ? » rétorqua Dorian.


 

Keagan se leva. « Nous ne trouverons pas de solution ce soir. »


 

Il avait hâte de passer à des affaires plus agréables.


 

***

 

Le cœur de Keagan battait la chamade alors qu’il était allongé sur le dos, après son troisième orgasme de la nuit. Sa compagne de lit attendait également que sa respiration revienne à la normale, ses cheveux collés à son visage par la sueur. Elle avait apprécié leur moment ensemble, à en juger par les cris forts et agaçants qu’elle avait poussés. Keagan ne doutait pas de ses prouesses au lit, il excellait aussi bien au combat qu’entre les draps. Il se sentait mieux maintenant, détendu, l’esprit à nouveau clair.


 

Ses pensées revinrent aux affaires du royaume, le fardeau du pouvoir, comme disait Alvize. Il était roi désormais, et ce fardeau ne le quitterait jamais. Que devait-il faire ? ‘Maudit soient les Basses-Terres, et maudit soit John, le noir, qui était probablement en train d’être torturé en enfer,’ se dit-il.


 

La femme dans son lit choisit ce moment pour poser sa main entre ses jambes, lui souriant d’un air séducteur. Keagan avait oublié un instant qu’il n’était pas seul. Il fut agacé par son audace. Il retira sa main.


 

« Tu peux partir », lui dit-il. Elle se redressa, surprise et déçue. Elles l’étaient toujours, même si elles savaient très bien qui il était et ce qu’il voulait avant d’entrer dans ses appartements. Il s’assurait toujours qu’elles comprenaient. Mais elles espéraient toujours être celles qui garderaient son attention plus longtemps, dans l’espoir de recevoir des cadeaux, des terres, des bijoux, une position ou un statut. Keagan donnait rarement quelque chose.


 

Keagan préférait celles qui espéraient gagner quelque chose en partageant son lit. Les pires étaient celles qui se berçaient d’illusions en croyant être amoureuses de lui, convaincues qu’elles ne pouvaient pas vivre sans lui. Des idiotes, d’abord pour croire en l’amour, et ensuite pour penser qu’il y croyait aussi. L’amour était pour les imbéciles déconnectés de la réalité.


 

« Je pensais que — »


 

Keagan n’était pas un homme patient.


 

« Tu as eu tort », dit-il. « J’ai apprécié ta compagnie, tout comme tu as apprécié la mienne. Tu peux partir… maintenant », ordonna-t-il.


 

La servante se leva rapidement, s’habilla, et se précipita vers la porte. Enfin seul, pensa Keagan. Il se leva, se dirigea vers le bassin d’eau et se nettoya avec un linge. Il enfila sa robe de chambre en soie verte, alluma plus de bougies et se versa une coupe de vin, qu’il but d’un trait.


 

Il se dirigea vers les portes menant au balcon et les ouvrit. Il observa la lune si large dans le ciel. Il posa ses mains sur la pierre froide du parapet et observa les jardins plongés dans l’obscurité un instant.


 

Il fit demi-tour pour aller se servir un autre verre de vin, mais alors que ses pieds nus pénétrèrent la pièce, il sut qu’il n’était plus seul. Quelqu’un était derrière lui, sur le balcon. Son épée était trop loin, son poignard caché sous un coussin. Appeler les gardes ferait simplement fuir l’assassin, et Keagan voulait découvrir qui avait osé attenter à sa vie. Était-ce un des hommes de Niall ? Une vieille famille cherchant vengeance ? Une rétribution pour les nobles qu’il avait exécutés ? Goria ? Il savait qu’il pouvait se défendre à mains nues ; il l’avait déjà fait auparavant. Maintenant, il attendait que l’intrus fasse un geste. Dès que Keagan entendit un pas léger, il se retourna, prêt à combattre. Mais ce qu’il vit le surprit.


 

L’intrus s’était agenouillé devant lui.


 

Keagan fronça les sourcils, confus. Sans quitter la silhouette des yeux, il recula jusqu’à ce qu’il ait son épée en main. Il la fit tourner une fois avant de la placer sur le cou de la personne.


 

« Qui t’a envoyé ? » demanda Keagan.


 

« N-Nul ne m’a envoyé, » répondit l’intrus, le souffle haletant.


 

C’était une voix de femme, réalisa Keagan. Il ne baissa pas son épée pour autant, il n’était pas imbécile. Les femmes pouvaient être tout aussi dangereuses que les hommes. Elles faisaient d’excellents assassins.


 

« Découvre ton visage », ordonna le roi.


 

La femme retira son capuchon. La pièce était faiblement éclairée, il ne pouvait donc pas distinguer ses traits avec précision.


 

« Qui es-tu ? »


 

« Je… je suis Thalen des Ambrose. »


 

« Votre Majesté, tout va bien ? » entendit-il un soldat crier depuis l’autre côté des portes.


 

« Oui », répondit Keagan, les yeux toujours fixés sur elle. « Est-ce votre habitude de pénétrer ainsi chez les hommes, Dame Ambrose ? »


 

« Je doutais que vous acceptiez de me recevoir, et… je devais vous voir… je vous en supplie. »


 

Non, il n’avait pas de temps à perdre pour entendre quelqu’un plaider la vie misérable de leur père.


 

Maintenant agenouillée avec les deux genoux au sol et les mains jointes, comme une suppliante face à un dieu, elle leva les yeux vers lui, son regard intense. « Je ne vous demanderai que quelques minutes de votre temps. Je vous en supplie, Votre Majesté. »


 

Peut-être était-ce son ton implorant, ou les larmes qu’il voyait poindre dans ses yeux, mais Keagan se surprit à être prêt à l’écouter. Après tout, elle était déjà là. Il doutait qu’elle puisse lui faire changer d’avis. Le roi abaissa son épée. ‘Maudit soient ces Basses-Terres.’


 


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